I.Le cyberespace, un espace où s’opèrent des échanges déterritorialisés.

Le cyberespace est souvent perçu comme un espace sans frontières. Il est à la fois un cadre propice pour l’amélioration des conditions de vie des populations qu’un espace de commission de crimes portant atteinte à la survie de l’humanité. Il n’est pas non plus un territoire d’un Etat, au sens géographique du terme, entendu comme « une portion de l’espace terrestre délimitée par ses frontières et sur laquelle s’exercent son autorité et sa juridiction » .

La circulation des informations à une vitesse exponentielle, la liberté des échanges ainsi que les opportunités qu’elle offre en font un catalyseur de la mondialisation.

Le cyberespace est apparu, à la faveur de la mondialisation, comme le moyen par excellence de circulation de l’information à une vitesse inégalée qui semble s’affranchir de la notion de distance et de frontière. Comme le décrivait Marshall McLuhan, il s’agit d’un village global, où chaque acteur est interconnecté, et où les limites spatio-temporelles sont abolies afin de permettre le partage de flux d’informations à travers les différentes parties du monde.

D’ailleurs, cette rapidité de circulation des données érige la liberté en principe essentiel.
A cet effet, la liberté des échanges est considérée comme un principe fondamental qui, souvent, peut mettre en péril la cohésion nationale et attiser des tensions. Les considérations éthiques ne sont pas toujours prises en compte, encore moins les règles de tolérance que requiert la vie en communauté. Des publications indécentes aux déclarations haineuses de toutes natures, le cyberespace garantit la liberté de partager des contenus, sans qu’ils ne soient toujours automatiquement censurés. Par exemple, les déclarations de Donald TRUMP au sujet de supposées fraudes n’ont pu être retirées que plus tard après qu’elles ont été partagées et appropriées par ses partisans.

En dernier lieu, le cyberespace offre de nombreuses opportunités tant pour les grandes firmes que pour les particuliers grâce à la souplesse de son utilisation. A ce propos, force est de reconnaître que les start-up sont à la source de réussites exceptionnelles ayant profondément transformé nos modes de vie (loisirs, financements collectifs de projets, militantisme, marketing…). Dans le même élan, des hackers, des criminels, des mercenaires établis sur des territoires différents, ont su également se saisir efficacement et avec ingéniosité de ces outils pour réaliser leurs desseins malintentionnés.

Au total, le cyberespace favorise la circulation illimitée des informations, dans un contexte d’aspiration à la liberté, à l’échelle mondiale. Pourtant, les opportunités qu’il offre ne sauraient passer sous silence l’utilisation malveillante qui en est faite entraînant aujourd’hui la réaction des pouvoirs politiques et institutionnels.

II.Un espace qui s’inscrit dans des territoires bornés par des frontières

En vérité, le cyberespace est délimité par une frontière qui sépare l’espace virtuel de l’espace réel. De manière schématique,

le modèle le plus simple est représenté au moyen de trois couches.
D’abord pour fonctionner, le cyberespace s’appuie sur une couche physique constituée d’infrastructures matérielles (câbles ou la fibre optique permettant le transfert des données, routeurs, points d’échanges, serveurs stockant les données, etc.) qui se situent, pour une large partie, sur le territoire d’États souverains. Ces infrastructures physiques sont liées à des politiques d’aménagement du territoire et relèvent de juridictions déterminées, ce qui joue un rôle notamment en cas de litige.

Ensuite, apparait la couche logicielle relative aux softwares. Il s’agit des services qui permettent d’assurer la transmission des données entre deux points du réseau et, donc, de faire voyager l’information, en petits paquets de données, de son expéditeur à son destinataire. Son architecture repose sur une harmonisation essentielle, un langage commun qui permet à différents terminaux du monde de communiquer entre eux selon le protocole Internet (TCP/IP).

Dans ces échanges, les données ne s’évaporent point dans les nuages (le Cloud…) ; elles sont bien stockées sur des serveurs gérés

par des acteurs privés ou publics. Enfin, la troisième couche dite informationnelle renvoie aux différents contenus, source de la plupart des différends. Elle est la plus difficile à appréhender et à représenter d’un point de vue géographique. C’est à cette couche que s’applique la réglementation relative aux contenus diffusés sur Internet. De ce point de vue, la couche informationnelle connait des frontières juridiques qui relèvent de la compétence normative des États que la volatilité des preuves et les difficultés de procédure rendent complexe.

Le cyberespace est donc un espace d’informations difficile à appréhender, constitué par une infrastructure matérielle installée sur le territoire physique, voire dansl’espace extra- atmosphérique pour les satellites ; ce qui en fait un enjeu de souveraineté et de gouvernance.

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